L’assistanat en France : comment il a contribué à la fuite des devises et appauvri le pays

Un système social généreux, mais une économie en déséquilibre : l’assistanat alimente la consommation de produits importés, notamment chinois, aggravant un déficit commercial de 100 milliards d’euros en 2023. Fuite de devises, dette publique et perte de souveraineté économique : comment inverser la spirale ? Décryptage.

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Lucas MAILLARD

12/17/20245 min read

Depuis plusieurs décennies, la France fait face à un paradoxe économique majeur : un niveau élevé de prestations sociales, combiné à une balance commerciale structurellement déficitaire. Ce phénomène, souvent occulté dans le débat public, révèle une mécanique économique préoccupante. En effet, la propension à consommer des ménages bénéficiant des aides sociales, couplée à une dépendance croissante aux importations de produits à bas coût, a entraîné une fuite massive de devises vers des pays étrangers, principalement la Chine. En 2023, les exportations de la France vers la Chine s’élevaient à seulement 25,4 milliards d’euros, tandis que les importations en provenance de ce pays atteignaient 72 milliards d’euros, illustrant ainsi un déséquilibre commercial colossal. Décryptage de cette spirale appauvrissante pour l’économie française.

L’assistanat : une propension élevée à consommer

Les prestations sociales en France sont parmi les plus généreuses au monde. Allocation chômage, RSA, aides au logement ou encore allocations familiales : ces dispositifs, censés assurer un minimum vital, entraînent paradoxalement un comportement économique qui peut nuire à la santé financière du pays.

En effet, la propension à consommer – c’est-à-dire la part du revenu consacrée à la consommation – est plus élevée chez les ménages modestes. Contrairement aux ménages aisés, qui épargnent une partie significative de leurs revenus, les bénéficiaires de prestations sociales dépensent rapidement l’essentiel de leur argent pour subvenir à leurs besoins immédiats.

Cette consommation à flux tendu, loin d’être une critique des plus démunis, illustre un comportement logique : lorsqu’un ménage dispose de faibles revenus, chaque euro compte. Cela le pousse à rechercher systématiquement les prix les plus bas sur le marché.

L’invasion des produits chinois : une dépendance coûteuse

Depuis la fin des années 1990, la mondialisation a profondément modifié les circuits de consommation en France. La Chine, en particulier, s’est imposée comme l’usine du monde, inondant les marchés européens de produits à bas coût : électroménager, textile, jouets, électronique, etc. Les consommateurs français, notamment les plus modestes, se sont naturellement tournés vers ces produits, souvent moins chers que les équivalents fabriqués en France ou en Europe.

  • Un choix contraint : pour les ménages ayant recours aux aides sociales, la contrainte budgétaire est forte. La priorité est donnée au prix, et non à la qualité ou à l’origine des produits.

  • Un cercle vicieux : plus les importations de produits chinois augmentent, plus les entreprises françaises perdent des parts de marché, entraînant des fermetures d’usines, des suppressions d’emplois et, in fine, un recours accru aux aides sociales.

Cette dépendance aux produits importés ne concerne pas uniquement les ménages bénéficiaires de prestations sociales, mais elle y est particulièrement amplifiée. En privilégiant les produits étrangers pour des raisons de prix, une part croissante des dépenses sociales financées par l’État est détournée vers d’autres économies.

La fuite des devises : une ponction silencieuse sur l’économie

Lorsque des produits étrangers sont achetés, la devise nationale (l’euro) quitte le territoire pour payer les fournisseurs étrangers. Cette fuite de devises est d’autant plus préoccupante que la France affiche une balance commerciale chroniquement déficitaire. En d’autres termes, le pays importe beaucoup plus qu’il n’exporte.

  • Les chiffres alarmants : en 2023, le déficit commercial français a atteint 100 milliards d’euros. Ce déficit est en grande partie lié aux importations massives de biens de consommation en provenance d’Asie. En plus de la Chine, d’autres partenaires affichent des déséquilibres majeurs :

    • Allemagne : exportations de 82,7 milliards € contre 91 milliards € d'importations, soit un solde de -8,3 milliards €.

    • États-Unis : exportations de 45,1 milliards € contre 51,9 milliards € d'importations, soit un solde de -6,7 milliards €.

    • Belgique : exportations de 48,1 milliards € contre 60,5 milliards € d'importations, soit un solde de -12,3 milliards €.

  • L’impact des aides sociales : une partie significative des prestations sociales finit donc, indirectement, par financer des économies étrangères. Chaque euro dépensé pour un produit importé est un euro qui ne bénéficie ni aux entreprises françaises ni à l’emploi local.

Une dette publique qui s’envole

Ce mécanisme de fuite des devises vient aggraver un autre problème structurel : la dette publique. En finançant un système social généreux tout en ne parvenant pas à relocaliser la production, l’État français creuse son déficit budgétaire.

  • Un double effet néfaste : non seulement les aides sociales alimentent indirectement les économies étrangères, mais elles le font au prix d’un endettement public croissant.

  • Une bombe à retardement : à mesure que la dette publique augmente, la France perd sa souveraineté économique. Elle devient dépendante des marchés financiers pour assurer son financement, tout en réduisant ses marges de manœuvre pour investir dans des secteurs stratégiques.

Une responsabilité politique : le manque de vision économique

Si cette situation perdure depuis plusieurs décennies, c’est avant tout en raison d’un manque de vision économique de la part des responsables politiques. Plutôt que de favoriser une production locale compétitive, les gouvernements successifs ont laissé la France devenir dépendante des importations à bas coût.

  • Le choix de la facilité : maintenir un système d’assistanat généreux permet de contenir, temporairement, les tensions sociales. Cependant, cette stratégie ne résout en rien les problèmes structurels de l’économie française.

  • Absence de protectionnisme intelligent : contrairement à certains pays comme les États-Unis ou l’Allemagne, la France n’a pas mis en place de politiques visant à protéger son industrie ou à favoriser la production nationale.

Les solutions : repenser le modèle économique français

Pour inverser cette spirale appauvrissante, plusieurs leviers peuvent être activés :

  • Relocaliser la production : l’État doit encourager la réindustrialisation du pays en soutenant les entreprises locales et en pénalisant les importations abusives.

  • Conditionner les aides sociales : une partie des prestations sociales pourrait être orientée vers la consommation locale, par exemple sous forme de bons d’achat valables uniquement dans des commerces français.

  • Promouvoir la souveraineté économique : en investissant dans les secteurs stratégiques (énergie, technologie, santé), la France peut réduire sa dépendance aux importations et créer de l’emploi.

Conclusion : une stratégie économique à repenser

L’assistanat, tel qu’il est pratiqué en France, a contribué à une fuite massive de devises vers des pays comme la Chine, tout en creusant la dette publique. Ce constat ne remet pas en cause la nécessité d’un système de solidarité nationale, mais il souligne l’urgence de repenser son fonctionnement pour éviter qu’il ne fragilise davantage l’économie française.

Relocaliser la production, favoriser la consommation locale et responsabiliser les politiques budgétaires sont des impératifs pour sortir de cette spirale appauvrissante. Sans un changement radical de cap, la France continuera à s’appauvrir, au détriment de sa souveraineté et de ses générations futures.