Retraites : pourquoi il est temps de passer de la répartition à la capitalisation
Face à un système de retraite par répartition essoufflé, découvrez pourquoi la privatisation et la capitalisation offrent une alternative durable, responsable et adaptée aux défis économiques et démographiques. Un modèle qui redonne liberté individuelle et espoir aux générations futures.
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Lucas MAILLARD
12/17/20246 min read


De plus en plus de personnes expriment des doutes quant à la fiabilité du système de retraite par répartition : la question de la réforme des retraites est devenue inévitable dans le débat public français. Alors que le système actuel repose majoritairement sur la répartition, un modèle qui fonctionne par la solidarité entre les générations, il devient évident que ce mécanisme est aujourd'hui à bout de souffle. Pour assurer la pérennité des pensions et libérer les futures générations d'un fardeau économique insoutenable, la privatisation et la capitalisation apparaissent comme des solutions pragmatiques et efficaces.
Un système par répartition : à bout de souffle
Le système de retraite par répartition repose sur un principe simple : les actifs cotisent pour financer les pensions des retraités. Ce modèle, instauré dans un contexte d'après-guerre avec une population jeune, dynamique et en pleine croissance, n'est plus adapté à la réalité démographique actuelle.
L'équilibre financier du système est menacé par une démographie en mutation : l'allongement de l'espérance de vie et la baisse de la natalité signifient qu'il y a de plus en plus de retraités à financer pour un nombre d'actifs en constante diminution. Selon l'INSEE, en 2023, on compte seulement 1,7 actif pour un retraité, contre 4 actifs pour un retraité en 1960, un chiffre qui pourrait passer sous 1,5 d'ici 2050. Ce déséquilibre structurel est accentué par une stagnation des salaires qui limite les cotisations et par l'augmentation de la durée des carrières, sans pour autant assurer des pensions suffisantes. Face à ces tendances lourdes, le système par répartition apparaît comme économiquement insoutenable dans sa forme actuelle.
Ces réalités pèsent lourdement sur les comptes publics et peuvent contraindre les États à réduire les pensions, ou à limiter leurs hausses (comme une baisse de l'indexation des retraites sur l'inflation par exemple). En Espagne, par exemple, la réforme de 2013 a gelé les pensions et introduit un indice de réévaluation moins favorable, réduisant progressivement le pouvoir d'achat des retraités. En Grèce, la crise de la dette en 2010 a entraîné plusieurs réformes drastiques, réduisant les pensions jusqu'à 40 % dans certains cas. Ces exemples montrent que les ajustements imposés par la pression économique peuvent avoir des conséquences lourdes pour les retraités. En France, les ajustements successifs ont déjà entraîné une baisse progressive du taux de remplacement pour les nouvelles générations, accentuant les inquiétudes des actifs. Augmenter les cotisations ou reculer l'âge de départ à la retraite, des solutions qui, bien qu’utilisées par le passé, n’ont pas permis de résoudre les déséquilibres structurels du système. Or, ces solutions palliatives ne règlent pas le problème structurel : le modèle par répartition est intrinsèquement insoutenable dans un contexte en mutation, tant démographique qu'économique et géopolitique, marqué par des incertitudes globales et des tensions croissantes qui pèsent sur les équilibres financiers.
La capitalisation : un modèle durable et équitable
Contrairement à la répartition, le système par capitalisation repose sur un principe d'épargne individuelle. Chaque actif épargne tout au long de sa vie active pour constituer un capital, qui lui sera restitué sous forme de rente ou de retrait progressif une fois à la retraite.
Ce modèle présente plusieurs avantages majeurs :
Responsabilisation individuelle : la capitalisation permet à chacun de devenir acteur de sa retraite en fonction de ses revenus, de son profil de risque et de ses objectifs. Cela favorise une plus grande autonomie et réduit la dépendance à l'État.
Pérennité financière : plutôt que de reposer sur une solidarité intergénérationnelle fragile et imposée, le modèle par capitalisation fonctionne sur un principe d'épargne et d'investissement. Le capital accumulé est placé sur les marchés financiers et génère des rendements au fil du temps. Cette logique permet d'assurer la pérennité des pensions même dans un contexte démographique défavorable.
Rendements plus attractifs : les placements financiers offrent, sur le long terme, des rendements supérieurs aux simples cotisations redistribuées. Les fonds de pension capitalisés peuvent investir dans des actions, des obligations, ou l'immobilier, générant une croissance du capital significative.
Héritage : contrairement à la répartition, le capital épargné peut être transmis aux héritiers. Cette possibilité de transmettre permet avant tout de mieux organiser sa succession, en toute liberté. En choisissant comment et à qui transmettre leur capital, les individus peuvent anticiper l'avenir de leurs proches et assurer une gestion patrimoniale alignée avec leurs valeurs et objectifs personnels.
Le Plan Épargne Retraite (PER) : un modèle qui préfigure l'avenir
En France, le Plan Épargne Retraite (PER), introduit par la loi PACTE en 2019, constitue un premier pas vers la capitalisation. Ce dispositif permet aux actifs d'épargner tout au long de leur carrière en bénéficiant d'avantages fiscaux et de rendements financiers attractifs.
Le succès croissant du PER témoigne d'une prise de conscience collective : les Français comprennent que le système par répartition ne suffira pas à assurer une retraite confortable. En choisissant de capitaliser, les épargnants prennent leur avenir en main et démontrent leur volonté de ne plus dépendre uniquement de l'État.
Les chiffres le prouvent : en 2023, plus de 7 millions de Français ont souscrit un PER, avec une collecte de fonds qui ne cesse d'augmenter. Ce succès illustre la pertinence d'un modèle de retraite mixte, où la capitalisation vient compléter un socle de répartition.
Privatisation : vers une gestion plus efficace
La privatisation des retraites, couplée à un système de capitalisation, permettrait d'introduire une saine concurrence dans la gestion des fonds d'épargne. Aujourd'hui, les retraites par répartition sont administrées par l'État, ce qui engendre souvent des lourdeurs administratives, une mauvaise allocation des ressources, et un manque de transparence.
La privatisation présente de nombreux bénéfices :
Compétence des gestionnaires : les fonds de pension privés, gérés par des experts financiers, visent à maximiser les rendements pour les épargnants.
Transparence : les gestionnaires privés sont soumis à des obligations de résultats et à une concurrence qui encourage l'efficacité.
Innovation : les marchés financiers favorisent l'émergence de nouvelles solutions d'investissement, comme les placements "verts" ou plus éthiques.
Les exemples à suivre : des modèles étrangers réussis
De nombreux pays ont déjà adopté des systèmes de retraite par capitalisation avec succès. Par exemple :
Le Chili : pionnier de la capitalisation, le Chili a introduit dans les années 1980 un système de fonds de pension privés qui repose entièrement sur l'épargne individuelle. Ce modèle a permis de générer des rendements significatifs pour les épargnants et de stabiliser un système de retraite sans dépendre d'une solidarité intergénérationnelle fragile. Bien que perfectible, cette expérience reste une référence en matière de gestion des retraites.
L'Australie : avec le système de "Superannuation", chaque employeur est tenu de verser un pourcentage obligatoire du salaire de ses employés dans un fonds de retraite. Ce système repose sur une capitalisation individuelle et a permis d'accumuler un capital considérable pour les travailleurs australiens. Les fonds sont investis sur les marchés financiers, offrant des rendements à long terme supérieurs à ceux des systèmes par répartition. En 2023, les actifs totaux des fonds de retraite australiens représentaient près de 150 % du PIB national, illustrant l'efficacité de ce modèle pour assurer des retraites sécurisées et performantes.
Ces modèles montrent qu'une transition bien orchestrée vers la capitalisation peut être bénéfique à la fois pour les citoyens et pour l'économie.
Conclusion : investir dans l'avenir
Il est urgent de reconnaître que le système de retraite par répartition est obsolète et insoutenable. En France, le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) a estimé que sans réformes structurelles, le déficit du système pourrait atteindre entre 8 et 27 milliards d'euros d'ici 2030 selon les scénarios. Cette réalité met en évidence la nécessité d'un changement profond pour éviter un effondrement des pensions dans les années à venir. La privatisation et la capitalisation offrent une voie plus durable, plus équitable, et plus adaptée aux défis du XXIème siècle.
En responsabilisant les individus, en assurant des rendements supérieurs et en permettant la constitution d'un capital transmissible, ce modèle redonne espoir et confiance aux actifs tout en libérant les futures générations d'un fardeau économique écrasant.
Il est temps d'abandonner les solutions temporaires et d'investir dans l'avenir avec ambition. La retraite par capitalisation et privatisation n'est pas une menace pour la solidarité, mais une opportunité pour une société plus libre, plus prospère, et mieux préparée aux défis de demain.
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